Des couleurs vives pour créer l'unité
Coup de cymbale visuel
Depuis quelques mois, des façades aux couleurs vives viennent rehausser le cadre verdoyant du Herrngarten et du Landesmuseum voisin, un bâtiment historique d'un beige discret. Elles se repèrent de loin et suscitent la curiosité des passants. Dans cet environnement qui n'était pas particulièrement "dynamique", les lignes exécutées en bleu et magenta vifs et convergeant vers un même point font l'effet d'un coup de cymbale visuel. En plus de capter les regards, elles créent enfin une unité entre les deux sections les plus récentes de la galerie de photos du musée de Darmstadt, datant de 1984.
Passerelle piétonne
Cette unité autrefois à peine perceptible, MadC l'a exprimée en couleur. Les deux bâtiments sont toujours séparés par une passerelle piétonne, que l'artiste a tout simplement intégré à son projet. Quiconque emprunte à pied ou à vélo cette passerelle, qui est l'une des entrées les plus fréquentées du Herrngarten, se retrouve plongé au cœur de sa composition colorée. "Je voulais créer un espace où les gens ont envie de s'attarder et se sentent bien", explique-t-elle. Elle a choisi des tons de bleu et de magenta pour les façades, car ce sont des couleurs qui dégagent de l'énergie sans être (trop) écrasantes. "Certaines de mes autres œuvres sont beaucoup plus colorées, mais une profusion de couleurs extrêmes peut créer trop de tension."
Projection airless au lieu d'aérosols pour graffitis
Pour les grandes surfaces, l'experte en street art a utilisé pour la première fois la peinture pour façades Muresko à base de SilaCryl de Caparol, qu'elle a appliquée diluée à l'aide d'un pulvérisateur airless. MadC s'éloigne de plus en plus de la peinture en aérosol pour graffitis , car elle n'est pas adaptée aux grandes surfaces et a une durée de vie limitée. Elle a elle-même passé plus de dix ans à développer des peintures pour une entreprise spécialisée dans les produits pour graffitis. Pour des raisons écologiques, elle veut maintenant renoncer aux aérosols qui sont difficiles à recycler. C'est en peignant le bâtiment du musée de Darmstadt qu'elle a pu se rendre compte des avantages de la peinture pour façades Caparol. "La peinture offre de nombreuses variations de couleurs, mais elle protège également la maçonnerie contre la pluie et l'humidité et, grâce au film protection, contre les algues et les moisissures".
Diversité de la collection de peintures
Le Hessische Landesmuseum a invité l'artiste à une table ronde à l'occasion de la grande exposition "Urknall der Kunst. Moderne trifft Vorzeit". Claudia Walde a réalisé ses premières peintures murales dans la rue à Bautzen, en Saxe, à l'âge de 16 ans. La culture du graffiti étant centrée sur les États-Unis, elle s'est rapidement fait connaître dans le milieu sous le nom anglais de MadC (Claudia la déjantée), qu'elle a conservé comme marque de fabrique. C'est en discutant avec le directeur du musée, le Dr Martin Faass, et la conservatrice, le Dr Jessica Schmidt, que le projet de donner une nouvelle apparence aux façades gris béton de Reinhold Kargel datant des années 1980 a pris forme. À l'origine, l'architecte, aujourd'hui décédé, avait imaginé des façades vitrées permettant d'admirer la collection de peintures exposée dans le bâtiment. Mais pour protéger les œuvres d'art de la lumière du soleil, les fenêtres sont restées couvertes jusqu'à aujourd'hui et l'effet de vitrine souhaité n'a jamais pu être réalisé. Faass a suggéré de repenser la façade pour faire ressortir visuellement à l'extérieur les couleurs et la diversité de la collection de peintures qui se trouve à l'intérieur.
Captivante et inspirante
De retour d'un événement en Forêt-Noire, MadC s'est arrêtée à Darmstadt pour examiner de plus près l'une des façades. Elle a trouvé l'espace peu clair et s'est rendu compte que ce n'était pas seulement un mur qui avait besoin d'un nouveau look plus moderne, mais l'ensemble de l'espace jouxtant la passerelle. Son dessin abstrait a séduit la direction du musée. "L'art abstrait ne s'adresse pas à l'esprit, il va bien au-delà de ça. Il touche des points en vous dont vous n'avez même pas conscience, et c'est essentiel pour moi".
Après six mois de planification, l'heure était venue de mettre le projet à exécution. MadC a parfois travaillé 12 heures par jour sur un échafaudage roulant. Au bout de trois semaines, le projet était achevé, comme convenu. Pendant la phase de peinture dans les espaces publics, MadC a toujours travaillé sous le regard critique des passants. Sceptiques au premier abord, car ils avaient du mal à imaginer le résultat final, ils trouvent aujourd'hui la fresque captivante et inspirante.