Un pinceau en soies de porc chinoise est-elle meilleure ? Ou est-ce qu'une brosse ne se limite pas à ses poils ?
Dans cet article, nous allons passer en revue les différents pinceaux et leur utilisation spécifique, mais aussi comment nettoyer correctement nos pinceaux pour les garder longtemps. Mais d’abord, arrêtons-nous sur la composition du pinceau, en particulier le choix des poils.
En gros, on peut dire qu’il existe deux types de brosses ou ‘pinceaux’ : les pinceaux plats et les pinceaux ronds. Dans ces deux catégories, il y a plusieurs sous-catégories et il y a aussi des différences au niveau de la composition des ‘poils’. Vu la progression des peintures à base d’eau, le pinceau à ‘poils’ synthétiques a quelque peu supplanté le pinceau en soies de porc, mais ce bon vieux classique n’a pas encore dit son dernier mot.
Pourquoi les pinceaux sont fabriqués en soies de porc ?
Pendant des siècles, les propriétés uniques des soies de porc en ont fait le choix de prédilection. Les soies de porc sont plus épaisses, plus robustes et plus élastiques que n’importe quel poil animal et offrent par conséquent une résistance mécanique élevée. Une seule soie de porc peut supporter plus de 2 kg sans casser. Les soies de porc sont en outre coniques, ce qui est essentiel tant pour la fabrication que pour le fonctionnement des pinceaux. Le côté racine est plus épais que l’extrémité, ce qui fait que le pinceau retient mieux la peinture et la libère ensuite progressivement et régulièrement sur la surface à traiter.
Une soie de porc se caractérise par sa structure écailleuse, même si elle ne se voit pas à l'œil nu. Plus il y a d’écailles, plus la qualité est élevée et plus le pinceau peut absorber de peinture.
Autre caractéristique : la soie de porc a une pointe, ou une ‘fleur’ dans le jargon, multiple – c’est à dire fendue, comme une fourche. C’est cette fleur qui donne sa souplesse au bout du pinceau et qui permet d’étaler régulièrement la peinture, sans amorces. L’usure des poils causée par la friction lors de la peinture n’est pas un problème pour la fleur : le poil continue à se diviser et le pinceau conserve ses propriétés.
Les soies de porc sont naturellement courbées ou ‘cambrées’, et doivent donc être bouillies pour les redresser. C’est pourquoi il ne faut jamais mouiller un pinceau en soies de porc neuf avant de l’utiliser. Même un pinceau suffisamment bouilli reprendra immédiatement sa forme cambrée naturelle.
Pourquoi les soies de porc chinoises ?
Les meilleures soient proviennent du dos du porc, là où elles sont les plus longues et les plus solides. L’âge de l’animal, le climat où il grandit et la saison influencent aussi la qualité. Dans les régions plus froides et en hiver, le porc a besoin de plus de protection contre le froid et son pelage peut être jusqu’à trois fois plus épais que pendant les périodes plus chaudes.
La majorité des soies de porc provient de Chine. Cela s’explique par les gigantesques élevages de porcs un peu partout dans le pays mais aussi par la qualité des soies. Cette qualité tient essentiellement aux conditions de vie : en Chine, beaucoup de porcs sont encore des animaux de ferme qui vivent en liberté. Les soies de porcs élevés (en enclos) ne conviennent pas pour la fabrication de pinceaux. De plus, le pays est tellement grand qu’on y trouve différentes zones climatiques. Il y a donc différentes qualités de soies de porc, qui conviennent pour différentes utilisations.
Les dénominations des soies de porc chinoises font référence aux provinces d’où elles proviennent. Chungking et Hankow viennent des hauts-plateaux chinois et offrent les meilleures qualités au niveau robustesse, élasticité et profondeur de la fleur. Les provinces côtières ont un climat plus doux. Les qualités Tsingtao, Tiensin et Shanghai sont plus douces au toucher et ont une fleur courte, très fine.
La couleur des soies de porc peut aussi être une indication de la qualité. Les soies de porc noires sont particulièrement résistantes et élastiques et ont une fleur profonde. Elles sont considérées comme la meilleure qualité. Les soies blanches sont plus douces mais restent suffisamment élastiques et résistantes à l’usure. Les soies grises sont très résistantes à l’usure mais assez rares.
Tarification
Le prix des soies de porc chinoises est déterminé par leur qualité, leur longueur et leur couleur. Les soies de porc noires sont plus rares que les blondes, et donc plus chères. Les soies de porcs de la province de Chungking sont encore plus rares et coûtent par conséquent encore plus.
Les soies longues sont moins nombreuses que les courtes. La longueur des soies s’exprime généralement en mm, avec en plus un pourcentage de ‘tops’. Une garniture de 76 mm avec 90% de tops, par exemple, veut dire que 90% des poils font 76 mm et 10% sont plus courts. On trouve aussi sur le marché des qualités de 60, 70 et 80% de tops. Elles sont moins chères mais aussi malheureusement moins bonnes.
Poils synthétiques
Depuis quelques années, les pinceaux en poils artificiels ou fibres synthétiques sont de plus en plus répandus. En effet, les soies de porc authentiques se raréfient. De plus, la structure est différente.
Une soie de porc est creuse et a une structure écailleuse, moins appropriée à la peinture à base d’eau. On le remarque très bien à l’application. Les peintures à base d’eau ont un temps d'ouverture plus court. La peinture s’accumule dans la cavité du poil et entre les écailles, ce qui, avec le temps, crée une ‘boule’ dans les poils du pinceau. Et comme c’est de l’eau qui forme le liant, les soies de porc ont tendance à reprendre leur cambrure naturelle.
C’est pourquoi les pinceaux synthétiques sont les mieux indiqués pour la peinture à base d’eau. Les fibres en nylon et polyester ou une combinaison des deux (par ex. Chinex) sont les plus communes. Les fibres en polyester sont considérées comme la meilleure alternative aux soies de porc. Les fibres se distinguent par une absorption élevée de la peinture et une restitution contrôlée, sans séchage ni formation d’une boule. Les poils n’absorbent pas d’eau et ne gonflent donc pas au contact de l’eau. Les fibres synthétiques ont une fleur artificielle, ce qui leur donne un toucher doux sur le dessus et évitent les amorces et les traits de peinture.
Au niveau flexibilité, la différence avec les soies de porc est minime. Le mélange de fibres coniques et cylindriques garantit une bonne absorption et une restitution progressive, permettant d’appliquer facilement l’épaisseur de peinture souhaitée.
Un pinceau ne se limite pas à ses poils
La qualité d’un pinceau est en (grande) partie définie par la garniture (soies de porc ou polyester), mais les autres éléments ont aussi leur importance.
Comme le collage de la garniture afin d’éviter au maximum la perte de poils ou la virole, le ‘tube’ métallique cuivré ou argenté (où sont fixés les poils), qui doit être suffisamment solide et de pas rouiller. Pour les pinceaux ronds ou en pointe, le ‘tourbillon’ – le cordon (en coton) enroulé autour des poils – est également important pour maintenir les poils ensemble et améliorer l’absorption. Un pinceau sans tourbillon prend vite une forme en ‘chou-fleur’ qui ne permet plus de peindre correctement. Certains fabricants utilisent des tourbillons de couleur différente en fonction de l’utilisation du pinceau, mais pas tous.
Choisissez le pinceau en fonction de la tâche à accomplir
Outre les soies de porc pour les laques synthétiques/à base de solvant et les fibres synthétiques qui conviennent à la peinture à base d’eau comme à base de solvant, la forme et la taille du pinceau dépendent grandement de la surface à peindre.
Pour faire simple : grande surface, grand pinceau. Le choix entre un pinceau rond, plat ou pointu est aussi une question de préférence pour le peintre. En Belgique, les pinceaux ronds sont largement majoritaires, chez nos voisins du nord, on voit plus de pinceaux plats ou en pointe.
Un aperçu :
- Pinceau plat : laques, lasure et vernis.
- Pinceau pointu : travail de précision sur de petites surfaces ou des objets complexes. Un pinceau pointu à pointe biseautée permet de travailler plus facilement le long des bords et des éléments en relief.
- Pinceau rond : initialement conçu pour la peinture de surfaces irrégulières mais aujourd’hui utilisé pour tous les travaux de peinture demandant plus de précision. Le pinceau rond a une surface plus petite et est donc moins adapté aux grandes superficies, où l’on utilisera plutôt un pinceau plat ou un rouleau à peinture.
- Pinceau carré / rectangulaire (aussi appelée brosse carrée) : les longs poils permettent de ramasser une bonne quantité de peinture latex ou acrylique. Et la peinture pénètre plus facilement dans les pores de la pierre et les joints.
- Pinceau pour radiateur : a un long manche en bois avec un ‘coude’ en haut qui permet l'accès à des endroits difficiles (notamment l’intérieur d'un radiateur).
- Pinceau à vitrifier : large pinceau plat à poils longs, idéal pour vitrifier une grande surface ou un parquet en bois.
Le nettoyage du pinceau
Pour beaucoup de peintres, le nettoyage des brosses et pinceaux est une corvée, mais indispensable d’un point de vue économique. Essayez d'éliminer un maximum de peinture du pinceau en l’étirant bien et en le passant sur le bord du pot ou du seau de peinture.
Pinceaux en soies de porc
- Éliminez les résidus de peinture qui se trouvent encore dans la cavité ou les écailles des poils avec un nettoyant pour pinceau ou un solvant (térébenthine / white spirit).
- Versez une dose de térébenthine dans un pot en veillant à ce que le pinceau l’absorbe bien.
- Remuez le pinceau dans la térébenthine et pressez-le contre la paroi du pot.
- Laissez tremper le pinceau deux heures, essorez-le éventuellement (à la main) et séchez-le avec un chiffon propre.
- Ensuite, laissez sécher le pinceau à température ambiante (pas sur un chauffage). Une fois le pinceau sec, vous pouvez ajouter un peu d'huile de lin aux poils pour éviter l’assèchement.
- Pour redonner à la garniture sa forme d'origine, vous pouvez l’emballer dans un film.
- Ne posez jamais le pinceau sur ses poils, accrochez-le ou posez-le à plat dans un endroit frais.
Pinceaux en poils synthétiques
- Éliminez les résidus de peinture pris dans les poils avec de l’eau.
- Ici, n'utilisez pas de couteau à enduire pour retirer les restes de peinture. Cela peut faire friser les fibres synthétiques.
- Rincez les pinceaux sous le robinet (pas écologique !) ou laissez-les tremper deux heures dans un pot ou un seau rempli d’eau chaude.
- Séchez les pinceaux avec un chiffon sec et propre.
- Accrochez-les ou rangez-les à plat dans un endroit sec. Ne laissez jamais le pinceau reposer sur ses poils pendant une longue période.
Une astuce (économique)
Si vous devez passer plusieurs couches dans la même couleur, ne rincez pas les pinceaux entre chaque couche. Vous ne gaspillerez pas de peinture, d’eau ou de solvant (ni votre temps). Il est plus facile et plus écologique d’envelopper les pinceaux dans du film ou un sac plastique bien fermé à l’abri de l’air. La peinture ne sèche pas et vous pouvez vous y remettre directement le lendemain. Si vous utilisez une peinture à base de solvant, utilisez du film aluminium et mettez le pinceau à l’abri de l’air. Ce type de peinture sèche aussi à la lumière.
Lire cet article gratuitement ?
Il suffit de créer un compte gratuitement.
-
Lire quelques Plus articles gratuits chaque mois
-
Choisissez vous-même les articles que vous souhaitez lire
-
Restez informé via notre newsletter