Le look authentique du badigeon

Retour dans le temps

Les origines du badigeon remontent à plusieurs siècles, lorsque les peintures de façade classiques n'existaient pas encore. Pour la finition des murs et des façades, les habitants utilisaient alors pour une sorte de bouillie à base d'eau, de chaux et d'un agent de charge (généralement du sable). À l'aide d'une brosse carrée, on appliquait une fine couche de chaux vive qui "masquait" légèrement la structure de la maçonnerie sous-jacente, tout en la préservant en grande partie. Les briques, joints et autres éléments restaient donc visibles, mais les imperfections étaient masquées et la façade embellie. Dans les fermes, mais aussi les béguinages et les cours intérieures, on appliquait chaque année une couche de chaux sur les murs extérieurs des bâtiments et des étables. À l'époque, on ne se souciait guère de l'effet esthétique. Cette technique servait avant tout à protéger les murs du salpêtre, de l'humidité et d'autres influences météorologiques. Le badigeon était donc principalement utilisé pour des raisons pratiques et hygiéniques, car il s'agit d'un matériau respirant (perméable à la vapeur) qui protège bien la maison contre l'humidité, le vent et les fortes précipitations.

Nostalgique et authentique

Le chaulage à l'ancienne utilisait de la chaux aérienne non liée. Malgré ses avantages, il présentait un léger inconvénient : il devait être renouvelé régulièrement. En appliquant une nouvelle couche année après année, les gens ont créé au fil du temps ce que nous appelons aujourd'hui "l'effet badigeon", qui se caractérise par une couleur profonde et nuancée, avec une texture aux traits de pinceau apparents. Aujourd'hui, cette ancienne technique de peinture existe toujours et est plus populaire que jamais. Outre la protection contre les intempéries, l'esthétique du résultat est également très appréciée. Une façade badigeonnée a un cachet authentique qui inspire la nostalgie et confère au bâtiment un aspect rural même dans une zone urbaine. Le badigeon adoucit la maison sans en altérer le caractère. Evidemment, les produits actuels sont différents de ceux d'autrefois. Alors qu'avant, il fallait plusieurs années pour créer cette épaisse couche de badigeon, aujourd'hui, quelques jours suffisent.

Une large palette de couleurs

Traditionnellement, le badigeon était appliqué en plusieurs couches fines. Le matériau est plus épais qu'une peinture ordinaire et permet de masquer les petites imperfections du support. La couleur classique d'origine, blanc/blanc-gris, est toujours possible, mais n'est plus la norme. Bien que la couleur blanche ait un effet rafraîchissant, elle se salit plus rapidement. C'est pourquoi il existe désormais des couleurs foncées. En effet, le badigeon est aujourd'hui disponible dans une large palette de couleurs et dans une multitude de finitions et de textures raffinées. Il est donc tout à fait possible d'obtenir l'effet d'un mur historique revêtu de chaux blanche grâce à une seule couche de badigeon. Et étant donné les nombreuses options et les avantages pour la santé de l'effet respirant, le badigeon est désormais également utilisé pour l'intérieur.

Enduit ou peinture...

Dans la gamme actuelle, les fabricants offre le choix entre les enduits et les peintures à badigeon. La différence se situe principalement au niveau du pouvoir garnissant et de la rapidité de la liaison. Un enduit à badigeon est composé d'une base de chaux hydraulique naturelle (NHL) ou de chaux hydraulique (HL) également appelée "chaux de trass". La peinture à badigeon, quant à elle, est fabriquée à base de chaux aérienne et est disponible en seau, prête à l'emploi.

Une deuxième différence entre l'enduit et la peinture à badigeon est la technique d'application. Dans le cas de l'enduit, la poudre est d'abord mélangée (à l'aide d'un mélangeur manuel) à de l'eau propre pour former une masse lisse et onctueuse. Cette masse est ensuite appliquée en une seule couche de 2 à 3 mm d'épaisseur à l'aide d'un pinceau large ou d'une brosse carrée. Pour ce faire, on applique d'abord la pâte verticalement, puis on l'étale horizontalement. Pour éviter les imperfections dans la finition, on travaille par mur entier ou jusqu'à ce que la façade présente une séparation naturelle (il est également possible d'appliquer une deuxième couche diluée – voir ci-dessous). En effet, les traces de pinceau restent visibles dans le résultat final. Pour un badigeon coloré, on commence par dissoudre le pigment dans une petite quantité d'eau et on ajoute cette solution à l'eau d'apprêt. Le durcissement diffère en fonction de la base. La chaux HL ou de trass durcit en quelques heures, tandis que la chaux hydraulique naturelle (NHL) prend deux jours. Lors de la mise en œuvre du badigeon, il faut éviter toutes les conditions qui entraînent un séchage rapide. Par conséquent, on recommande d'éviter de travailler par vent (trop) fort et/ou températures trop froides ou trop élevées (ambiantes ou du support).

La peinture à badigeon requiert une technique différente, similaire à celle de la peinture classique. La finition est appliquée en deux ou trois couches. Pour l'extérieur, il est préférable de choisir un moment où le temps est sec pendant quelques jours, en raison de la présence de chaux aérienne.

Attention au support

Pour les grandes surfaces, certains choisissent d'appliquer d'abord une sorte de "couche d'apprêt" sous la forme d'une couche de badigeon un peu plus liquide. Ce n'est qu'ensuite que la couche de badigeon de 2 à 3 mm d'épaisseur est posée. D'autres travaillent à l'inverse et appliquent une deuxième couche, diluée à l'eau, sur la couche de badigeon classique. Cette opération a pour but d'éliminer les raccords entre les différentes zones d'un même mur ou de combler les éventuels petits creux. En effet, le badigeon doit être "fermé", ce qui signifie que les pores ouverts visibles doivent être bouchés à l'aide d'un pinceau large et plat (pinceau spalter). Cette opération peut être réalisée avec de l'enduit à badigeon dilué ou avec un pinceau plongé dans l'eau.

Le badigeon peut être appliqué sur tous les supports pierreux rugueux et poreux ou sur les enduits minéraux extérieurs non peints, mais pas sur les façades déjà peintes. La chaux présente dans la base (peinture ou enduit) doit adhérer le plus directement possible au support minéral. Les résidus de peinture ou d'enduit doivent être soigneusement éliminés au préalable. Lorsque vous badigeonnez des murs anciens ou un nouveau mur maçonné avec des briques de récupération, des problèmes peuvent survenir en raison de la présence de sels anciens dans les briques souvent poreuses. Si vous n'êtes pas sûr, faites effectuer une analyse au préalable. Les supports trop poreux ou localement non absorbants doivent être prétraités avec un produit approprié (par exemple, une colle à base de chaux pour  pierres naturelles non poreuses). Il est préférable d'éviter l'application d'un apprêt, sauf si on rencontre des problèmes liés à l'homogénéité et à la portance du support. Là encore, les fabricants de produits de badigeon recommandent de demander conseil au préalable.

Etanchéité à l'eau

La chaux hydraulique naturelle (NHL) et même la chaux additionnée de trass ne garantissent pas une couche étanche, mais elles contribuent à l'imperméabilité du mur à partir d'une épaisseur de 2 à 4 mm. En effet, la couche de chaux bloque les précipitations et sèche rapidement. C'est ce qui explique l'effet "nuageux" typique d'un mur badigeonné après une averse. Le badigeonnage de la maison ne protège pas seulement la façade contre toutes sortes d'influences météorologiques, il s'agit également d'une méthode écologique et durable. La perméabilité à la vapeur est importante pour éviter les problèmes d'humidité.

Le badigeon pas à pas

1. Préparation

Le badigeon est adapté à différents supports. La condition préalable est que le support soit parfaitement "propre". Les mauvaises herbes, la mousse, les résidus de peinture, les anciennes couches de peinture, les parties décollées ou écaillées, etc. doivent être enlevés au préalable. Les parties de la façade qui ne sont pas badigeonnées doivent être protégées. Pour obtenir un résultat correct, la façade doit être légèrement humidifiée au préalable, afin que l'humidité du mélange ne soit pas immédiatement absorbée.

2. Mélange

La chaux doit être préalablement "éteinte" en ajoutant de l'eau. Le peintre obtient ainsi de la chaux éteinte en poudre, qu'il ajoute ensuite à de l'eau pure. À ce mélange, on ajoute du sable (de rivière) pour former une pâte lisse qui peut être étalée. Ce mélange peut toujours être dilué avec de l'eau pure. Les pigments de couleur sont généralement mélangés à de l'eau chaude avant d'être ajoutés au mélange. Vérifiez toujours d'abord les instructions figurant sur l'emballage.

3. Application

Appliquez le mélange de badigeon uniformément en mouvements fluides croisés (d'abord horizontalement, puis verticalement). Pendant l'application, remuez régulièrement le mélange afin qu'aucun des ingrédients (chaux, pigment ou sable) ne se retrouve au fond. Il est préférable d'appliquer plusieurs couches fines plutôt qu'une couche épaisse. La première couche ne doit pas être complètement sèche lors de l'application de la couche suivante.

4. Finition

Malgré la beauté du résultat final, certains clients souhaitent appliquer une peinture sur la façade badigeonnée. C'est possible, mais pas avec une peinture de façade standard. Le cas échéant, on peut d'utiliser une peinture de façade dite "non inhibitrice de carbonatation", comme une peinture de façade minérale, une peinture à la chaux ou une peinture à base de siloxanes.